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Le Déserteur
La chanson Le déserteur fut interprétée pour la première fois en 1954 (fin du conflit en Indochine, peu avant la guerre d'Algérie).
Ce poème, lettre ouverte adressée au président de la République de l’époque, René Coty, est un appel à la paix : il s'agit de refuser de prendre les armes pour partir en guerre.
La chanson a été censurée durant plusieurs années : il était interdit de la retransmettre à la radio.
Une chanson peut-elle lutter contre la guerre ?
Boris Vian chante Le Déserteur en 1955 :
Boris Vian est un écrivain, poète engagé, trompettiste, comédien français du XXème siècle (1920-1959). Il a écrit sous de nombreux pseudonymes, dont le plus connu est Vernon Sullivan.
Quelques romans : J’irai cracher sur vos tombes, 1946 ; L’Ecume des jours, 1946 ; L’Herbe Rouge, 1949.
Contexte historique. Le Président de la République à cette époque est René Coty. La chanson a été publiée en 1954, à la fin de la Guerre d’Indochine (1946-1954). Elle coïncide également avec le début de la Guerre d’Algérie (1954-1962).
Le Déserteur – Boris Vian, 1953
Monsieur le président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps.
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir.
Monsieur le président,
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur Terre
Pour tuer des pauvres gens.
C’est pas pour vous fâcher,
Il faut que je vous dise,
Ma décision est prise,
Je m’en vais déserter.
Depuis que je suis né,
J’ai vu mourir mon père,
J’ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants.
Ma mère a tant souffert
Qu’elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers.
Quand j’étais prisonnier,
On m’a volé ma femme,
On m’a volé mon âme,
Et tout mon cher passé.
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes,
J’irai sur les chemins.
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France,
De Bretagne en Provence
Et je crierai aux gens :
« Refusez d’obéir,
Refusez de la faire,
N’allez pas à la guerre,
Refusez de partir. »
S’il faut donner son sang,
Allez donner le vôtre,
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président.
Si vous me poursuivez,
Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer
« L'Ouvrier et la Kolkhozienne, une oeuvre de propagande au service du régime soviétique de Staline »
Tags : Boris Vian, Le Déserteur, lettre ouverte, poème engagé, rôle de l'artiste